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Frachet Albert Camus
7 avril 2013

L'Envers et l'Endroit, Camus

L'Envers et l'Endroit est la première œuvre d'Albert Camus, publiée à Alger en 1937 par Edmond Charlot et constituée d'une suite d'essais sur le quartier algérois de Belcourt ainsi que sur deux voyages, le premier aux Baléares et le second à Prague et Venise.

Référence : Albert Camus, "L'Envers et l'Endroit", éditions Gallimard/NRF, collection Blanche, 1937 (première édition)

         

Présentation générale

* Les nouvelles présentées

  1. Préface.
  2. L'ironie.
  3. Entre oui et non.
  4. La mort dans l'âme
  5. Amour de vivre
  6. L'Envers et l'Endroit

* La préface de 1958

Dans la préface publiée en 1958, particulièrement importante pour Camus qui a tenu à cette mise au point, à ces précisions, il situe ces textes par rapport à ses écrits postérieurs, concluant ainsi : « Si j'ai beaucoup marché depuis ce livre, je n'ai pas tellement progressé ». C'est après une longue réflexion et quelques réticences qu'il a consenti à cette réédition et la préface qu'il peaufina pendant plusieurs années, considérant que, malgré les imperfections de forme, tout le monde devait pouvoir accéder facilement à ce texte et pas seulement des privilégiés pouvant sa procurer le texte original.

Présentation générale 

Dans la préface de la réédition, Albert Camus dira de cette œuvre de jeunesse qu'elle est la source secrète qui a irradié sa démarche : « Pour moi, je sais que ma source est dans L'Envers et l'endroit, dans ce monde de pauvreté et de lumière où j'ai longtemps vécu et dont le souvenir me préserve encore des deux dangers contraires qui menacent tout artiste, le ressentiment et la satisfaction»

À cette époque, Camus a quelque vingt-deux quand il écrit ces cinq nouvelles fortement autobiographiques. On pénètre d’abord dans le quartier algérois de Belcourt et le pauvre foyer familial avec sa terrible grand-mère et sa mère, effacée et silencieuse, héroïne de la nouvelle Entre oui et non, sa place devant la fenêtre à contempler la rue.
Il y décrit les vies étriquées du quartier, le travail pesant et la dureté de l’existence, qu’on retrouve dans L’Étranger : « Ce quartier, cette maison ! Il n’y avait qu’un étage et les escaliers n’étaient pas éclairés… »

La première nouvelle, L’Ironie décrit la solitude de plusieurs vieillards confrontés à la mort, et une vie qui continue malgré tout. « Si j’écoute l’ironie, écrit-il, tapie au fond des choses, elle se découvre lentement. »

Dans La mort dans l’âme et Amour de vivre, il évoque ses voyages, celui de Prague, ville où il n’a que de mauvais souvenirs et celui des îles Baléares, d’où est issue sa famille maternelle, où il aborde les thèmes de création et de passion.

La dernière, qui a donné son nom au recueil, raconte l’histoire d’une femme qui préfère "l’envers" en préparant sa sépulture, ce qui l’empêche de vivre vraiment sa vie : « Vivez comme si… » dit-elle. Malgré bien des recherches, c’est la toute ma science »

 

On découvre les vies étriquées de son quartier marquées par la dureté de l'existence, qu'on retrouvera dans L'Étranger : « Ce quartier, cette maison ! Il n'y avait qu'un étage et les escaliers n'étaient pas éclairés. Maintenant encore, après de longues années, il pourrait y retourner en pleine nuit. Il sait qu'il grimperait l'escalier à toute vitesse sans trébucher une seule fois. Son corps même est imprégné de cette maison. Ses jambes conservent en elles la mesure exacte de la hauteur des marches. Sa main, l'horreur instinctive, jamais vaincue, de la rampe d'escalier. Et c'était à cause des cafards. »

Meursault vit dans ce même quartier, un petit appartement sans confort, les amis et la plage pour tout loisir, avec cette mère soumise à de durs travaux toute la journée et qui, le soir venu, contemple sans rien dire le va-et-vient de la rue, bouleversé par « l'admirable silence d'une mère et l'effort d'un homme pour retrouver une justice ou un amour qui équilibre ce silence ».

Ce recueil se situe Entre oui et non, titre d'une des nouvelles du recueil, où l'Envers symbolise l'angoisse devant l'étrangeté, le silence du monde, la difficulté d'exercer une emprise quelconque sur ce monde qui l'entoure; l'Endroit est cette beauté qui permet d'accepter un monde qu'il ne comprend pas. Meursault dans L'Étranger balancera entre ces deux pôles, double d'un Camus écrivant « qu'il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre » dans Entre oui et non.

              

Il y a cette beauté éphémère d'un coucher de soleil qui ne peut trouver d'explication que dans cette ambivalence qui représente l'endroit et l'envers. Il n'y a guère que le groupe, qui, comme dans La Peste puisse dépasser l'individu, développer une solidarité permettant de lutter contre la solitude et rendant les hommes plus forts.

Entre oui et non, au-delà de cet « amour de vivre » dont il parle dans l’une de ces nouvelles, dans les différents individus, ces vieillards ou cette femme  dans un dernier texte qui donne son titre au livre, font sans bien s'en rendre compte, eux-mêmes leur propre malheur, plongeant dans "l'envers" comme dans un cercle vicieux.

"Si la solitude existe, ce que j'ignore, on aurait bien le droit, à l'occasion, d'en rêver comme d'un paradis." L'Envers & l'Endroit

Voir aussi

   << Christian Broussas - Camus, L'envers/L'endroit - 5 avril 2012 © cjb © • >>

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